
Le Végétalisme

Au cœur des océans
Le poisson est certainement l’aliment qui suscite le moins d’attention. Il possède de nombreuses vertus, il ne faut pas le nier, mais compte tenu de son milieu de vie, il peut accumuler des substances pouvant nuire à notre .
Qu’est ce que le mercure ?
Depuis quelques années, le mercure suscite bien des interrogations et inquiète les consommateurs. En effet, cet élément chimique serait très toxique pour l’Homme. Intéressons nous-y de plus près.

Source : openeditionbooks
Le mercure, de symbole Hg, est l’un des éléments favoris des . C’est un voisin de l’or dans le , présentant la particularité d’être le seul métal liquide à température ambiante. On le trouve dans la nature, aussi bien dans l’air, que dans l’eau et les sols
( ).
C’est un élément qui existe sous différentes formes; le mercure élémentaire, les sels inorganiques divalents ou le mercure organique (présent dans l’alimentation) avec un niveau de toxicité différente. Une fois dans l’environnement, le mercure peut être transformé en méthyle mercure qui va s’accumuler dans les poissons et crustacés.
Le mercure étant très présent dans les océans et les mers ( ), les poissons en absorbent et il peut s’accumuler dans les musculaires. Il est important de préciser que la concentration de mercure augmente en fonction du rang dans la chaîne alimentaire, ainsi un c'est à dire qui consomme une grande quantité de poissons aura tendance à avoir une grande quantité de mercure dans son organisme (thon, espadon, marlin). Ainsi, la concentration de mercure dans les poissons dépasse largement les concentrations présente dans l’eau dans laquelle ils vivent. Par exemple, pour le thon, il contient 1 million de fois plus de mercure que le milieu marin où il évolue.

De plus, la concentration de mercure dans les thons pourra être différente suivant l'espèce.
Le thon bâchi contient 0,8 mg/kg de mercure et est celui qui est le plus contaminé. Ce fait curieux s’explique car le méthyle mercure n’est pas en fonction de la profondeur de l’eau. Dans ce cas-ci, la présence de méthyle mercure est en effet bien plus importante.
Finalement, une étude nous permet de montrer que la concentration de mercure dans le thon bâchi varie également en fonction de l’endroit dans le Pacifique. Par exemple, en Nouvelle-Calédonie, les caractéristiques de l’eau en profondeur sont différentes de celle à l’équateur. Ainsi les poissons qui évoluent parfois en eaux profondes accumulent plus de mercure.

Source : Andlil
Les dangers du mercure
Maintenant que nous connaissons mieux le mercure, cherchons ses conséquences sur le corps.
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour déterminer ses effets sur la santé et leur gravité;
- le type de mercure,
- la dose,
- l’âge de la personne exposée,
- la durée de l’exposition,
- le mode d’exposition.
Il existe trois voies d’absorption du mercure organique; pulmonaire, cutanée et digestive. En milieu professionnel, l’absorption pulmonaire est de 60% mais pour la majorité de la population l’exposition au mercure est due dans 95% des cas à l’ingestion d’aliments contaminés par le méthyle mercure. Les personnes subissant une exposition chronique à des niveaux élevés de mercure, comme les populations de pêcheurs, sont exposés à différents dangers. Dans les pays tirant leur subsistance de la pêche comme le Brésil et la Chine, entre 1,5 et 17 enfants sur 1000 présentaient des troubles cognitifs dus à la consommation de poissons.

Lorsqu’il se retrouve dans le sang, le mercure organique se fixe sur les ou alors forme un complexe lui permettant de circuler très facilement dans nos organes. Le méthyle mercure étant très lipophile, c'est-à-dire soluble dans un corps gras, passe facilement la pour aller au cerveau. Une fois dans le cerveau, il devient moins échangeable avec les autres organes et peut avoir des effets très néfastes.
L’exposition aiguë au méthyle mercure entraîne des signes d’intoxication retardée. Cette intoxication par voie orale concerne en majorité les dérivés alkylés à chaines courtes qui sont les mieux absorbés. Ces effets sont observables suite à une contamination à faible dose mais récurrente ou alors à forte dose unique après une période de latence inversement proportionnelle à l’importante de l’exposition.
Tout d’abord on peut voir une atteinte du système nerveux se traduisant par : des extrémités, une , un malaise général et une atteinte du champ visuel réversible lors d’intoxications peu sévères. Cependant, une intoxication plus sévère peut entraîner une sévère qui se manifeste par une détérioration intellectuelle, une , dépression, voire une euphorie, etc…
La formation secondaire de mercure inorganique peut également entraîner une atteinte rénale et des lésions du muscle cardiaque et des nerfs périphériques.
Le diméthylmercure, l’un des dérivés organiques, peut facilement traverser la barrière placentaire du fœtus. Ainsi, chez le fœtus, une concentration cérébrale en méthyle mercure est 5 à 7 fois plus importante que la concentration sanguine maternelle. Les fœtus sont particulièrement sensibles au méthylmercure. Le mercure peut en effet, avoir des effets préjudiciables sur le cerveau et le système nerveux du futur bébé.

Bien que peu d’études traitent de l’absorption par voie orale du mercure inorganique, nous pouvons tout de même nous intéresser à ces effets sur la santé puisque, une fois dans les tissus, le méthyle mercure se transforme en ion Hg2+.
Le mercure inorganique, l’ion Hg2+, est très toxique de par son affinité avec les groupements thiol (SH) de nombreuses protéines, dont les enzymes, ce qui perturbe leur rôle dans les cellules et en dehors des cellules.
De plus, le mercure peut avoir des conséquences sur l’ . En effet, il peut perturber la traduction protéique : c'est-à-dire lorsque l’ est traduit et donne naissance à une protéine spécifique et peut aussi perturber la synthèse de l’ADN durant la par inhibition de la polymérisation (leur formation) des microtubules, c'est-à-dire les fibres constitutives du et la formation du .

Source : Virologie.free.fr
Le méthyle mercure quant à lui, peut provoquer du stress oxydatif, correspondant à une agression des cellules par les radicaux libres et conduirait à la formation de lésions tubulaires rénales dans les mitochondries et entraînerait une altération dans la membrane cellulaire.
Le méthyle mercure peut aussi, en augmentant la concentration extracellulaire de glutamate (acide aminé présent naturellement) entraîner une action toxique pour les neurones. De plus, interagissant avec les microtubules du cytosquelette, il entraîne la mort de cellules neuronales.

Source : catherinebazin.com
Poissons d’eau douce et PCB
Les poissons d’eau de mer étant majoritairement consommés demandent plus d’attention. Cependant, les poissons d’eau douce peuvent aussi absorber des substances à ne pas négliger.
Fabriqué depuis les années 20, le PCB (PolyChloroBiphényle) est une famille de molécules chimiques de synthèse, utilisé principalement entre 1930 et 1970. Il est aussi connu sous le nom de pyralène qui est le nom commercial d’un produit à base de PCB utilisé dans les transformateurs électriques autrefois.
La destruction de certains PCB provoque la formation de . Ces dernières ont des taux de toxicité élevées et de nombreuses expériences nous montrent qu’elles affecteraient de nombreux organes. Elles se désagrègent très difficilement, ainsi ce sont des polluants organiques très persistants qui s‘accumulent dans les sols à causes des rejets industriels, dans les rivières et sont présents sur toute la surface du globe.


Les propriétés chimiques des dioxines leur confèrent une grande stabilité chimique et leur capacité à être absorbées par les tissus adipeux.
En effet, une fois absorbés les PCB traversent les membranes cellulaires et passent dans les vaisseaux sanguins ainsi que le système lymphatique, ensemble de structures permettant la création et la circulation de la lymphe, un liquide jouant un rôle dans le transport de nutriments mais également dans le système immunitaire. On trouve ainsi, la plus grande concentration de PCB dans les tissus adipeux et dans le foie.
Plusieurs effets néfastes sur l’organisme ont été constatés. Une exposition brève mais à de fortes concentrations en dioxine peut entraîner : une acné chlorique, des lésions dermiques, une altération de la fonction hépatique, etc… tandis qu’une exposition à longue durée peut amener une dégradation du système immunitaire, du développement du système nerveux ainsi que sur les fonctions génétiques et endocriniennes.
Leur élimination est très lente puisque la demi-vie des PCB totaux est en moyenne de 7 ans.
Cette cinétique très lente a pour conséquence que les taux de PCB mesurés dans un organisme sont le résultat de l’accumulation de doses absorbées depuis la naissance.
L’omniprésence des dioxines font que tous les êtres humains ont une certaine concentration de ces produits dans leur organisme.

En 2008 dans le cadre du plan national d’actions sur les PCB, le ministère de la santé a chargé l’Anses en collaboration avec l’Institut de Veille Sanitaire de réaliser une étude sur l’imprégnation aux PCB des consommateurs de poissons de rivière.
606 pêcheurs amateurs ou membre de leur foyer et 16 pêcheurs professionnels ont participé à l’enquête par un prélèvement sanguin et par le relevé d’information sur les habitudes alimentaires et sur les pratiques de pêches.
Nous pouvons ainsi constater que la consommation de poissons bio-accumulateurs ne dépasse pas 2 fois par an pour 13% de la population. De plus, les PCB étant interdits depuis 1986, les niveaux d’imprégnations sont inférieurs, ce qui reste tout de même très positif.
Finalement, l’étude nous a permis d’éclaircir un point important; la consommation de poisson bio-accumulateurs est fortement associée à une augmentation de l’imprégnation des PCB.
Suite à cette étude, l'Anses a établi de nouvelles recommandations de limitation de consommation de poisson bio-accumulateurs afin de limiter l’imprégnation de PCB;
- 1 fois tous les 2 mois pour les femmes enceintes, ou allaitantes ou en âge de procréer ainsi que pour les jeunes enfants et les adolescents.
- 2 fois par mois pour le reste de la population

A présent, nous savons comment le mercure et les PCB peuvent avoir des conséquences négatives sur nous les consommateurs. Il faut donc prendre en compte, l’espèce et la provenance du poisson pour consommer en ayant conscience des répercussions possibles sur notre santé.
* les mots en noirs sont définis dans le lexique